Un livre sur la Tétralogie de Richard Wagner
Richard Wagner
 
Préambule

 

Nous sommes le 13 juillet 2005. Les attentats perpétrés à Londres me donne
l’opportunité de cette nouvelle introduction. Sur les attentats, pas grand chose à ajouter. Ils
sont non seulement odieux mais inutiles pour la cause qu’ils sont sensés servir. Ce qui
m’intéresse ici ce sont les réactions des responsables politiques et de leurs valets, je veux
dire les médias dans leur ensemble.
Ceux qui ont perpétré sont des terroristes :
- Qui ont frappé aveuglément ;
- Qui ont subit un lavage de cerveau,
- Qui veulent détruire les vraies valeurs de notre civilisation.
Ne remontons pas trop loin dans l’histoire et penchons sur les deux derniers siècles. Je veux
dire les vingtième et vingt et unième.
Jamais les peuples respectant les vraies valeurs n’ont frappé aveuglément par des
bombardements massifs causant des dizaines de millions de victimes ( voir les détails dans
les deux derniers livres de cette tétralogie.). Jamais les peuples colonisateurs n’ont éliminé
les indigènes par des génocides planifiés.
Quant aux kamikazes, notre civilisation occidentale et ses vraies valeurs n’en
avait pas besoin ; elle imposait ( et impose toujours ) le sacrifice de sa jeunesse à des
causes dont le caractère sordide est occulté par l’exaltation de vertus auxquelles personne
ne croit plus. Que penser des fusillés pour l’exemple de la guerre de 14-18 ; des
emprisonnements sommaires des objecteurs de conscience au moment de la guerre
d’Algérie. Mais voilà, quand on défend les vraies valeurs, on codifie les crimes
nécessaires à la défense des intérêts des puissants. Pour les américains exterminer les
indiens au dix-neuvième siècle n’était pas un crime, ni l’utilisation des bombes à
fragmentations qui des millions d’êtres humains dont un grand nombre d’enfants, ni la
destruction des terres cultivables du Vietnam , du Cambodge, du Laos, par l’agent orange,
ni les bombardements massifs des villes et villages, aujourd’hui, de l’Irak, et de
l’Afghanistan.
Non, il n’y a pas une lutte d’un monde civilisé contre le terrorisme, mais
l’affrontement de deux formes de terrorisme ; l’une qui a été légalisée en partageant le
monde des humains en bons et en mauvais ; l’autre dont on refuse de mettre en évidence
les vraies raisons, car la reconnaissance de la vérité mettrait en péril les intérêts des
puissants.
Le but de ce préambule est surtout de donner le ton de ces quatre livre. En fait les
deux premiers ne concernent que les connaissances en général ; mais les deux suivants sont
résolument polémiques et contiennent des critiques extrêmes de notre civilisation décadente.

Avant-propos: (Juillet 2005)

Ce texte est libre de tout droit. Chacun peut l’utiliser à sa convenance. Mes
remerciements n’iront qu’à deux personne: mon fils et Daniel H, qui m’ont aidé à
emprisonner le monstre dans son antre informatique. Ce long travail est le fruit de plus de
quinze années de travail solitaire et n’a été revu par personne. Je dis monstre car ce travail
n’est qu’une misérable esquisse d’une oeuvre que je me sens incapable d’achever seul
d’une façon convenable. Cet antre n’a cependant rien à voir avec celui de Fafner, le
Dragon vautré sur son trésor et qui sera abattu par Siegfried. Le voyageur égaré ne risque
pas d’être dévoré, et en fait de trésor ne pourra que glaner que des parcelles infinitésimales
de savoir.


Avertissement: (Janvier 2005)

A Michel O.
Drôle d'idée que de dédicacer un tel travail à un philosophe maniant avec autant
d'aisance la langue française et les idées. J'ai beaucoup d'estime pour toi, et te sait gré de
faire un peu d'air pur dans les miasmes de la pensée moderne. Alors pourquoi te mêler sans
même solliciter ton avis à cette entreprise pour le moins obscure. Je vais tenter de
t'expliquer.
Je n'ai pas lu tous tes ouvrages, mais je crois te connaître assez pour affirmer
partager pratiquement toute ta philosophie. Je sais, il n'y a pas de quoi être flatté, car j'ai le
cruel sentiment, en exhibant mon travail d'être un montreur de monstres.
Tu as manifesté dans plusieurs de tes livres ton intérêt passionné pour l'art de
notre temps. Passion que mon inculture ne me permet pas, hélas de partager. C'est pourtant
l'art moderne qui m'a fait penser à toi pour cette dédicace. J'ai été étonné de ces sculptures
faites de compression d'objets divers, en fait de déchets de notre société de consommation.
Etonné des poubelles de je ne sais plus qui. C'est alors que j'ai compris en quoi mon travail
s'apparentait à ces différentes formes d'arts.
Pour comprendre ces propos je me permets de dévoiler le cheminement qui m'a
conduit à la tentative littéraire qui suit ces avant-propos. J'ai commencé à gribouiller assez
tardivement, aux alentours de ma vingtième année. En quelques années j'avais rempli
quelques milliers de pages ; dans mon esprit passablement stupide j'y voyais l’amorce
d'une oeuvre future. J'y croyais dur comme fer, jusqu'au moment où j'ai compris que j'avais
confondu enthousiasme et talent. J'ai donc en 1968 brûlé ce que je croyais être mon bien le
plus précieux. J'ai alors cherché la vérité dans les sciences, consacrant le plus clair de mon
temps à tenter de pénétrer les arcanes des fondements des mathématiques, des théories
quantiques et relativistes. Echecs prévisibles et cuisants. Le démon de l'écriture ne m'avait
pas lâché, et à nouveau des milliers de pages s'entassaient. En fait les débris d'une pensée
qui n'avait jamais pu s'épanouir. Nous voilà maintenant au fait : c'est avec ces résidus de
poubelle que j'ai construit ma Tétralogie. Mais pourquoi ne pas me livrer à un ultime
holocauste, détruire ce qui n'est qu'une ébauche maladroite ? J'ai peut-être une réponse. Je
me sens comme un père qui a donné le jour à un monstre qu'il a dissimulé aux yeux de
tous. Les efforts de ce père pour faire de son enfant un être présentable ont lamentablement
échoué ; les liens affectifs qui se sont noués ne permettent plus la mise à mort...

Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. Cet aphorisme qui clos le Tractacus
logico-philosophicus a fait couler beaucoup d'encre. On peut continuer à épiloguer sur son
sens, et en fait, il a un sens personnel pour chacun d'entre-nous. Pour ma part ce sens est
très clair : tu aurais aussi bien fait de fermer ta gueule. Car enfin, on peut se murer dans un
solipsisme atténué, celui qui ne remet pas en cause l'existence d'une réalité extérieure à la
conscience, mais celui qui rejette tout lien avec cette réalité, et prétendre n'écrire que pour
soi ; mais cette attitude n'est-elle pas un mensonge grossier que la conscience commet à
l'égard d'elle-même ? N'est-il pas plus logique de taire ce dont on ne veut parler ? Je sais
mon enfermement définitif, quoiqu'il arrive mes livres seront des oeuvres posthumes.
Construits dans une solitude intellectuelle absolue, ils ne peuvent en aucune façon être
l'objet de discussions. S'ils sont, un jour, connus d'un public nécessairement restreint, je
serai peut-être encore matériellement vivant, mais intellectuellement mort.
En fait, je suis une espèce de facteur Cheval, j'ai accumulé, au cours de mes
vagabondages littéraires et pseudo-scientifiques des matériaux hétéroclites dont j'espérais
faire une oeuvre. Ces matériaux je les ai glanés au pied des temples de la culture, rebut jetés
aux pauvres, et dans les marigots entourant les citadelles de la science. Cheval a construit
le château de ses rêves, mes pierres gisent sur le sol et je n'ai jamais eu la force et le don de
les assembler en un tout cohérent. Je les abandonne aujourd'hui au bord du chemin ; si elles
n'intéressent personne, rien ne sera vraiment perdu.
Mais de quoi s'agit-il ? Wotan est le personnage central et mystérieux de la
Tétralogie de Wagner. Le héros principal devait au début de la gestation de l'oeuvre, être
Siegfried, mais rapidement celui-ci a cédé le premier rôle au maître des dieux.
Le texte de Wagner, comme nous le verrons reste peu explicite sur les origines du
dieu. Nous savons simplement qu'il a perdu son oeil droit au cours d'un échange mythique.
Il devient maître de l'univers, mais pour assurer sa puissance, il brise une branche du Frêne
Sacré, pilier du monde. Le rameau devient la lance où le dieu inscrit les runes, c'est-à-dire
l'ensemble des lois qui, à partir de cet instant doivent régir l'univers. Mais les deux
conséquences de cet acte vont au cours d'un long temps détruire cet ordre divin.
- L'arbre va lentement dépérir puis mourir de sa blessure.
- Le dieu qui se veut libre va devenir l'esclave de ses propres lois, et entraîner son
univers dans le chaos pour tenter de retrouver sa liberté perdue.
Le dieu se sait condamné ; cette liberté perdue il ne peut la retrouver qu'en
abandonnant son monde aux forces du mal. Mais il échafaude un autre plan : puisqu'il est
lui-même condamné, mais qu'il détient encore la puissance, donner naissance à un héros
qui soit un autre lui-même, mais libre de toute contrainte1. Mais cet autre ne pourra
conquérir sa liberté qu'aux dépens du dieu lui-même. Nous allons donc voir Wotan face à
cet insurmontable dilemme : poursuivre son projet de créer l'homme libre selon ses voeux,
mais oeuvrant en même temps à sa perte. Le résumé qui suit fait l'objet du développement
en quatre parties de mon travail, ce n'est donc qu'une indication sommaire.
Wotan a le don d'ubiquité (il est magicien aussi ), il vit parmi les dieux mais peut
prendre l'apparence humaine. Ainsi, de ses amours terrestres, après qu'il eut fondé la tribu
des Walsung naîtront Siegmund et Sieglinde, et Erda, qui préside au destin du monde
donnera au dieu les neuf Walkyries, dont Brünnhilde.
1 Si l'on s'en tient au pied de la lettre du texte wagnérien, Wotan veut donner naissance à l'homme libre pour reconquérir l'anneau en possession de Fafner, et mettre fin à la malédiction ( je ne puis sur tous ces points que renvoyer à mon texte ), qui pèse sur lui, mais il est bien évident que Wagner a voulu donner un sens beaucoup plus profond au comportement de son héros. C'est précisément ce que le présent travail tente de mettre en évidence.

Le foyer de Wotan est, durant son absence détruit, Sieglinde, enlevée par Hunding
doit épouser celui-ci. Siegmund se retrouve seul. Nous comprenons déjà que Wotan l'a
abandonné pour en faire le héros attendu, l'homme libre devant être ce que le dieu ne peut
plus être. Le dieu reprend la forme humaine pour venir au secours et du frère et de la soeur.
Il pénètre dans la demeure de Hunding et plante l'épée Notung dans le tronc de l'arbre qui
soutient la demeure.
Le destin du dieu est alors scellé. L'épée sera l'instrument de sa perte. Chute que le
dieu va minutieusement organiser tout en donnant le sentiment du contraire. Donnons la
trame des événements en renvoyant le lecteur au texte lui-même.
- Seul Siegmund pourra arracher l'épée du tronc. Et le dieu jette la soeur dans les
bras du frère ( acte 1 de la Walkyrie ). De cet amour incestueux naîtra Siegfried.
- Fricka, l'épouse divine du dieu, gardienne de la morale, impose à Wotan le
sacrifice de Siegmund, coupable du double crime d'inceste et d'adultère.
- Dans le combat qui oppose Siegmund à Hunding, Wotan brise l'épée de son fils
qui se retrouve désarmé et tué. Sieglinde assiste au combat ainsi que Brünnhilde qui a trahi
les ordres de son père et a tenté de protéger Siegmund. Le dieu laisse Brünnhilde se saisir
des morceaux de l'épée brisée et fuir avec Sieglinde qui porte Siegfried en son sein.-
- Le dieu se propose d'abandonner Brünnhilde sans défense sur la terre, la privant
de son essence divine. Le troisième acte de la Walkyrie donne le sentiment que Brünnhilde
mène le jeu et obtient de son père d'être protégée par un cercle de feu que seul un héros
pourra franchir, mais en fait, et la musique le souligne en achevant l'acte sur le thème de
Siegfried, le dieu a déjà décidé que ce héros serait Siegfried et que ce dernier en
conquérant Brünnhilde anéantirait son pouvoir.
- Au premier acte de Siegfried, Mime qui a recueilli le jeune héros après la mort,
en couche de sa mère tente en vain de ressouder les morceau de l'épée brisée. Wotan, qui a
repris sa forme humaine ( il est le wanderer ), rend visite à Mime; il joue avec le pauvre
frère d'Albérich au jeu des trois questions. Nous comprenons qu'il est venu rendre possible
pour Siegfried la refonte de l'épée. Effectivement, après son passage le jeune héros ne
ressoude pas l'épée, mais la réduisant en poudre lui redonne son pouvoir. Certes cette épée
viendra, au bras de Siegfried à bout du dragon gardien de l'anneau, mais au-delà sera
l'instrument de la perte du dieu.
- Siegfried tue le dragon, et une nouvelle fois Wotan intervient, par l'oiseau, son
messager, il conseille au héros de prendre l'anneau, puis lui indique le chemin du rocher où
dort Brünnhilde entourée de son cercle de feu.
- Au pied du rocher, Wotan attend Siegfried, il lui faut jouer sa dernière comédie,
feindre d'interdire le passage au héros; le dieu tente désespérément de se faire connaître,
mais Siegfried se rit de lui. Lorsque Wotan brandit la lance, celle-ci est brisée par le coup
que lui porte Siegfried. La route est libre, la puissance des dieux anéantie, mais Siegfried
porte au doigt l'anneau maudit.
Ce que je nomme Complexe de Wotan, et qui fait l'objet des quatre volumes qui
suivent, est cette contradiction au coeur du maître: il a besoin pour survivre au-delà de ses
capacités créatrices d'aider son élève à le surpasser, mais ce dépassement à venir est en
même temps la fin du pouvoir du maître. Laisser la place sans lutter n'est pas digne de
l'homme, mais cette lutte doit être gagner en fin de compte par le disciple ou le maître
détruit son objectif au moment de l'atteindre.
Pour aider l'éventuel lecteur j'ai rédigé, en appendice un résumé complet de la
Tétralogie. C'est le minimum d'information nécessaire pour comprendre le sens de mon
travail, si toutefois celui-ci en a un.

Un mot pour celui qui voici plus de cinquante années m’a initié à la musique, et
surtout fait connaître la tétralogie : Jean-Pierre C. D’autre part ce dernier est l’auteur de
trois ouvrages consacrés au rapport du désir et de la violence ; thèmes qui sous-tendent la
Tétralogie2.
Je dédie ce travail à:
- Tous ceux qui sont morts, qui meurent, qui mourrons, et ne laisserons aucune
trace dans la mémoire collective.
- Ceux qui souffrent de la cruauté humaine, de sa vanité, de sa stupidité.
- Toutes les victimes, des nationalismes bornés, des patries au service des
ambitieux sans scrupule, des tyrans protégés par de soi-disant démocraties.
- La multitude des américains qui ne sont pas concernés par les attaques que je
porte, dans la quatrième partie de ce travail, à leur pays. Ces américains qui souffrent de
voir à la tête de leur pays le président le plus borné de toutes les démocraties, d'hier et
d'aujourd'hui, qui souffrent de la haine qu'une politique inique, menée par des forcenés
ivres de richesse et de pouvoir à déchaîné sur eux. Qui souffrent encore d'être citoyen d'une
nation qui règne sur le monde par le terrorisme, le crime organisé qui a causé en 20 ans
cent fois plus de morts que le Tsulami qui a ravagé les côtes asiatiques.
- Ceux qui ont signé un pacte avec le diable lorsqu'ils ont compris que la plupart
des bons étaient pire que les méchants.
- Ceux dont les oreilles entendent encore monter de la terre « ...des hosannas
serviles, / l'appel désespéré des nations en croix / Et des justes râlant sur le fumier des
villes.»
- Ceux qui ont au coeur le désir de créer mais qui n'en ont ni les capacités, ni les
moyens.
- Tous les lâches qui ont rêvé d'être courageux.
- Tous les courageux qui n'ont jamais eu l'occasion de montrer leur courage.
- La multitude des Estragon, des Vladimir, qui leur vie durant ont attendu Godot
en sachant fort bien qu'il ne viendrait jamais.
- Tous les naufragés de la vie, qui luttent désespérément pour tenter de s'en sortir,
mais que la société, ses maîtres et esclaves enfonce chaque jour un peu plus dans la misère
en prétendant leur porter secours.
- A ma fille.

Le temps passe et nous sommes déjà à la mi-avril 2005. Jean Paul 2 est mort et les
médias ont dépassé toutes les bornes de la folie collective. Le référendum sur la
constitution est en passe d'être un bide complet. Nouvelle occasion pour les médias de
délirer. Les Etats-Unis s'imposent de plus en plus par le bluff, le mensonge, la propagande
de bas étage. Le but des puissants n'a jamais été aussi évident. Le monde de demain ne
compte plus pour eux, sauf en quelques occasions, pour donner le change.

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